Selon les experts du Groupe Intergouvernemental d’Experts pour le Climat (GIEC), la température mondiale devrait atteindre +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle autour de 2030. D’ici à 2050, et sans action immédiate, cette augmentation devrait se poursuivre au-delà de ce seuil pour atteindre la limite des 2°C, et ce, avant même la fin du 21ème siècle. En parallèle, la pandémie de Covid-19 a été le catalyseur d’importants bouleversements politiques, économiques, sociaux et énergétiques. Les effets du changement climatique amplifieront ces phénomènes. Ils menaceront directement la biodiversité, l’environnement, et, par conséquent, les activités humaines. La destruction des ressources naturelles, ajoutée à l’intensification des évènements climatiques extrêmes tels que les ouragans, les inondations ou la montée des eaux et les feux de forêts pourraient par ailleurs entraîner d’importants déplacements de populations et exacerber certaines menaces. Le changement climatique aggrave en effet l’instabilité pré-existante et est donc largement considéré comme un multiplicateur des risques, ayant le potentiel de créer de nouvelles tensions et de nouveaux conflits. Les rivalités pour l’accès aux ressources naturelles s’intensifient dans certaines régions, tandis que les grandes zones de production et de transit sont le théâtre de tensions géopolitiques et démographiques récurrentes. La mise en œuvre de politiques de transition énergétique crée de nouvelles opportunités mais également de nouvelles dépendances, tant en matières premières qu’en savoir-faire industriels.
Dans ce contexte, les forces armées doivent dès à présent s’adapter à cet environnement en évolution (accroissement des luttes d’influence autour des enjeux liés aux ressources, nouvelles conditions d’intervention, nouveaux types de missions). Nous devons travailler de concert et renforcer notre coopération afin de jouer pleinement notre rôle dans la lutte contre les effets du changement climatique, tout en préparant nos forces aux impacts croissants de ce dernier et de la transition énergétique. La préservation de la biodiversité est également une mission importante qui doit être prise en compte dans le domaine de la Défense.
Les forces armées dépendent encore fortement des énergies fossiles. Afin de s’adapter à l’augmentation de la fréquence des évènements météorologiques extrêmes et plus largement au changement climatique, nos stratégies respectives et documents d’orientations doivent mieux prendre en compte le nexus climat-défense dans l’ensemble du spectre de nos missions, dont nos opérations, infrastructures, entraînements et équipements. Nous devons également trouver des moyens de réduire notre empreinte écologique, en faisant en sorte que ces derniers apportent une plus-value à nos missions/opérations et ne soient pas un obstacle. Pour cela, nous devons réfléchir à comment nos forces peuvent exploiter des technologies militaires bas carbone, des matériels et équipements moins énergivores tout en s’assurant de maintenir un haut niveau d’interopérabilité et en préservant l’efficacité opérationnelle des forces. Nous sommes convaincus par ailleurs qu’il est indispensable de promouvoir une culture de la sobriété énergétique et d’étudier des moyens de préserver et de protéger l’environnement, en s’appuyant sur l’innovation et les technologies digitales, mais aussi en favorisant le partage de bonnes pratiques.
Adaptation et résilience sont les deux maître-mots qui guident nos décisions et nos actions.
A cette fin, Nous, ministres de la Défense, aspirons à développer les échanges d’informations, d’analyses, d’expériences et de bonnes pratiques, tant sur le plan militaire que politique, afin de développer notre compréhension des implications sécuritaires du changement climatique et des opportunités de la transition énergétique pour nos forces. Alors que la COP-26 a renforcé l’ambition climatique internationale, il est en effet nécessaire que les institutions de défense consolident, elles aussi, leur engagement. A cet égard, nous promouvrons différentes actions afin d’introduire ces enjeux au sein des différentes instances pertinentes de coopération et de dialogue en matière de défense et de sécurité, aussi bien à l’échelle régionale que mondiale. Des propositions d’axes d’effort conjoints sont présentées dans la feuille de route en annexe.
La transition énergétique doit constituer un atout opérationnel pour le domaine de défense ainsi qu’un axe de coopération privilégié entre les États. La nécessité d’une coordination internationale pour répondre efficacement à ces nouveaux enjeux s’impose chaque jour davantage.
Le prochain Forum de Paris sur la Paix en 2022 sera l’occasion d’évaluer les progrès réalisés quant aux axes d’efforts proposés ce jour.
L'initiative compte 26 pays cosignataires à ce stade : Albanie, Autriche, Belgique, Canada, Chypre, Côte d’Ivoire, Corée du Sud, Danemark, Espagne, Estonie, Etats-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Japon, Lituanie, Luxembourg, Malte, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Portugal, Sénégal, Slovénie.
Des États et organisations internationales sont invités à rejoindre cette initiative. Pour toute demande d’information supplémentaire et souhait de rejoindre l’initiative, veuillez écrire à l’adresse suivante : dgris-at.trait.fct@intradef.gouv.fr