3 Questions à Lyric Thompson
En dépit des avancées en matière d'égalité femmes-hommes, certaines menaces et dynamiques continuent de remettre en question ces progrès et les droits acquis. Toutefois de nouvelles approches voient le jour pour appréhender les politiques sous un autre angle comme l’explique Lyric Thompson, CEO de Feminist Foreign Policy Collaborative et porteuse du projet Global Network on Feminist Foreign Policy, l’un des projets accompagnés dans le cadre du programme SCUP (Scale-up Program) en 2023.
A quoi ressemble une politique étrangère féministe en pratique et quels changements cela apporte-t-il à la diplomatie et plus particulièrement aux femmes ?
Lyric Thompson : Dans la pratique, une approche féministe de la politique étrangère peut prendre différentes formes d’un pays à l’autre. Mais cela signifie généralement que les gouvernements mettent en place des politiques pour protéger les droits des femmes et faire progresser l'égalité des genres ; qu'un gouvernement consacre des ressources, un budget et des effectifs appropriés à ce programme ; que les gouvernements s'engagent à prendre des mesures comme le congé parental payé et la parité salariale, qu'ils augmentent le nombre de conseillers en matière de genre et incluent de manière plus déterminée les voix de la société civile dans l'élaboration des politiques. À terme, la mise en œuvre de cette approche garantit que le genre et l'équité soient au centre des décisions de politique étrangère et contribue à un monde plus pacifique, plus équitable et plus durable.
La mise en œuvre [d'une politique étrangère féministe] garantit que le genre et l'équité soient au centre des décisions de politique étrangère et contribue à un monde plus pacifique, plus équitable et plus durable.
Lyric Thompson • CEO de Feminist Foreign Policy Collaborative et porteuse du projet Global Network on Feminist Foreign Policy
Vous travaillez à l'élaboration d'un cadre commun pour la politique étrangère féministe : quelles sont les principales caractéristiques de ce cadre mondial et qui l'a déjà adopté ?
LT : Par le biais du Global Partner Network for Feminist Foreign Policy, nous travaillons activement à affiner la définition de ce que signifie la mise en œuvre d'une politique étrangère féministe et à fournir un guide complet sur la manière dont les gouvernements pourraient y parvenir. Actuellement, le guide met en évidence cinq ingrédients clés : l'articulation de la justification de la création d’une politique étrangère féministe, la définition de ce qu'est une politique étrangère féministe, l'énoncé du champ d’application de la politique, l'articulation claire des résultats attendus et un plan de mise en œuvre. Jusqu'à présent, treize gouvernements se sont engagés à mettre en œuvre une politique étrangère féministe, bien qu'ils soient tous à des phases différentes de leur démarche, et plus de 40 groupes de la société civile ont approuvé cette approche.
Quelle est l'actualité de votre initiative et quels sont vos principaux jalons pour 2023 ?
LT : Plusieurs membres de notre conseil d’orientation et moi-même venons de publier un article décrivant les résultats et l'impact de la politique étrangère féministe suédoise dans un journal suédois et dans Ms. Magazine. Le mois de la femme est toujours important pour nous ; vous trouverez nos experts et nos membres à la Commission de la condition de la femme en mars, où nous lançons des recherches et organisons des événements. Women Deliver est une conférence majeure sur les droits des femmes qui se tiendra à Kigali en juin, et les réunions de l'Assemblée générale des Nations unies ont lieu en septembre. Nous sommes également impatients d'accueillir les membres du Global Partner Network aux Pays-Bas en septembre, en marge d'une réunion des ministres des affaires étrangères sur la politique étrangère féministe, et bien sûr, nous serons présents à Paris en novembre.