Transitions justes
Réunion de printemps du Forum de Paris sur la Paix
Le 10 juin 2024, pour la première fois, le Forum de Paris sur la Paix a tenu sa Réunion de printemps à l’étranger. Elle s’est déroulée sur le continent africain et a réuni des acteurs du monde entier autour de l’objectif commun Nord-Sud des « Transitions justes ».
L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a accueilli l’événement sur son campus ultramoderne de Benguérir au Maroc.
Un focus sur les « transitions justes »
Ces dernières années, les conséquences du changement climatique, du COVID et de la guerre de la Russie contre l’Ukraine ont engendré une crise complexe qui a touché les pays les plus vulnérables et exacerbé les lignes de fracture entre les pays riches et les pays les plus pauvres.
Dans ce paysage complexe, le Forum de Paris sur la Paix s’est attaché ces dernières années à promouvoir la coopération et à combler le fossé Nord-Sud par ses événements, son soutien aux projets et ses initiatives politiques multi-acteurs, dans des domaines sujets à divisions croissantes.
Cette année, la Réunion de printemps s’est donc appuyée sur ce rôle de plateforme de dialogue et d’action Nord-Sud, en se consacrant au thème des « transitions justes ». Elle a exploré les moyens de parvenir à une transition vers l’énergie verte qui réponde aux besoins des pays en développement et aux impératifs de réduction de la pauvreté. Elle a cherché des solutions pour rendre l’agriculture et les systèmes agroalimentaires plus résistants et pour adapter la production à la fois au changement climatique et aux besoins démographiques mondiaux. Enfin, elle a tiré les leçons de la pandémie de Covid-19 en vue de renforcer l’écosystème de santé mondiale, notamment en faisant le point sur les discussions prévues à l’Assemblée mondiale de la Santé autour d’un accord sur les pandémies.
Réunion de printemps
Priorités
S’appuyant sur ce travail et sur le rôle de plateforme de dialogue et d’action « Nord-Sud », la Réunion de printemps 2024 était consacrée au thème des « transitions justes » et a exploré les moyens de les encourager dans divers domaines :
Un focus sur les « transitions justes »
En répondant à la double urgence de la transition climatique et du développement, une dure réalité financière se fait jour : un financement immense est nécessaire pour ces deux urgences, mais les ressources fiscales restent limitées. Les pays sont confrontés à un dilemme : trouver un équilibre entre la durabilité environnementale et la réduction de la pauvreté, sans avoir le luxe de pouvoir choisir. Les banques de développement ont élargi leurs portefeuilles en réponse à cette situation, mais l’ampleur des investissements ne permet pas de combler le vaste déficit de financement. Il est essentiel d’augmenter les capitaux, mais aussi de les allouer de manière ciblée et efficace.
L’accent doit être mis sur une approche stratégique où chaque dollar est dirigé vers des interventions ayant l’impact le plus transformateur, faisant ainsi progresser un cadre mondial durable et juste. Grâce à un panel de haut niveau, la Réunion de printemps a discuté des moyens de résoudre l’énigme commune de la transition climatique et du développement par le biais d’une coopération Nord-Sud renforcée.
Avec l’accélération de la transition verte vers le zéro émission, la demande en minéraux essentiels à la fabrication de technologies telles que les éoliennes, les panneaux solaires et les batteries électriques devrait fortement augmenter. Les estimations actuelles indiquent qu’il faudrait quadrupler la demande pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris de limiter la température de la planète à 2 °C. Cette hausse de la demande pourrait représenter une opportunité économique pour les pays producteurs, avec des perspectives d’augmentation des revenus et de l’emploi. Toutefois, les tensions géopolitiques et la méfiance actuelles nous empêchent de relever les défis économiques, financiers, sociaux et environnementaux urgents liés à l’extraction, à l’utilisation et à la réutilisation des minerais de transition.
Le Forum de Paris sur la Paix s’est efforcé de faciliter le dialogue entre les différentes parties prenantes sur ces questions, en organisant deux sessions de haut niveau réunissant des acteurs issus de divers secteurs et zones géographiques. La première session s’est concentrée sur la manière dont les pays producteurs de minerais peuvent bénéficier de l’extraction et du traitement des minerais pour la transition énergétique en termes de développement, d’industrialisation et de soutien au bien-être général de leurs citoyens. La seconde session s’est penchée plus largement sur la manière de réaliser une transition énergétique inclusive, par le biais d’une collaboration entre le Nord et le Sud.
Le Conseil mondial pour les minéraux de transition responsables a été lancé lors de la Réunion de printemps. Composé d’une diversité de personnalités de haut niveau issues du monde entier, il a pour objectif de tirer parti de leur expertise et de leur influence pour orienter la communauté mondiale vers un objectif commun : garantir un approvisionnement adapté et responsable en minerais pour réaliser la transition énergétique.
Au cours des trente prochaines années, le paysage agricole africain sera confronté à de profonds défis liés aux questions de sécurité alimentaire et de durabilité. Avec une population en croissance rapide qui devrait doubler d’ici 2050, le secteur agricole du continent doit subir des transformations pour répondre à la demande alimentaire croissante tout en préservant les ressources naturelles et les écosystèmes. Le changement climatique exacerbe ces pressions, avec des schémas météorologiques imprévisibles, une fréquence accrue des événements extrêmes et la dégradation des terres arables qui constituent des menaces importantes pour la productivité agricole. En outre, l’Afrique reste touchée de manière disproportionnée par la faim et la malnutrition, ce qui souligne le besoin urgent d’un développement agricole durable pour assurer la sécurité alimentaire des générations actuelles et futures.
Dans ce contexte, le Forum de Paris sur la Paix s’efforce de réconcilier les agendas du climat et du développement agricole, de mobiliser les différentes parties prenantes et de rapprocher le Nord et le Sud sur la base d’intérêts et de principes communs. Une partie des travaux de la Réunion de printemps était donc consacrée à « Promouvoir des transitions agricoles justes en Afrique ».
La malnutrition est un problème majeur de santé publique qui touche une part importante de la population mondiale (149,2 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance et 45,4 millions sont gravement amaigris, etc.) A ce titre, les effets de la malnutrition concernent différents aspects du spectre de la gouvernance mondiale (santé, développement, systèmes alimentaires, etc.), tant au Sud qu’au Nord, puisqu’elle englobe également l’obésité (39% des personnes de plus de 18 ans étaient en surpoids en 2016, et 13% étaient obèses). Après les sommets de Londres en 2012 et de Tokyo en 2021, le Sommet sur la nutrition pour la croissance (« Nutrition for Growth Summmit », N4G) se tiendra à Paris en 2025 et constituera un événement majeur compte tenu de l’ampleur de la question.
La Réunion de printemps du Forum de Paris sur la Paix a donné le coup d’envoi des discussions qui mèneront au N4G. A cette occasion, le Forum a réuni un panel d’experts indépendants pour commencer à travailler sur les preuves scientifiques qui devraient guider les décisions prises lors du Sommet N4G. Le Forum a également rassemblé un groupe de représentants du secteur privé pour commencer à travailler sur les engagements des entreprises à contribuer à la lutte contre la malnutrition dans le monde. Cette réunion a représenté une opportunité de briser les silos et d’aborder le sujet au-delà de la communauté de la nutrition, afin d’identifier et de prioriser les solutions essentielles et de les porter à l’échelle.
Les conséquences dévastatrices des pandémies, du COVID-19 aux épidémies répétées de grippe aviaire, d’Ebola et de VIH, ont mis en évidence le besoin urgent de systèmes d’alerte précoce pour détecter les maladies infectieuses émergentes et y répondre efficacement. Comme la pandémie de COVID-19 nous l’a montré, l’accès aux données sur les séquences génétiques est crucial pour réagir rapidement à une menace sanitaire. Alors que les données utilisées pour développer de nouveaux produits médicaux proviennent souvent d’institutions scientifiques du Sud, elles ne donnent pas toujours lieu à une compensation ou à un accès aux contre-mesures médicales nécessaires pour lutter contre une pandémie. Un élément clé des « transitions justes » est donc de reconnaître le rôle de ces institutions et d’établir des bases solides pour le partage équitable des données et l’obtention d’avantages équitables des produits de l’utilisation de ces données.
Une partie des travaux de cette Réunion de printemps a donc été consacrée à l’avancement des conversations sur cette notion de partage équitable des bénéfices et, plus généralement, sur la manière de tirer les leçons de la solidarité et de l’équité pour construire un écosystème mondial de la santé plus solidaire. Le Forum a présenté ses travaux sur un mécanisme de compensation, et a également ouvert le débat pour faire le point sur les conversations prévues à l’Assemblée mondiale de la santé autour d’un accord sur les pandémies, sur les points de vue du continent africain sur les stratégies de régionalisation dans le domaine de la santé et sur les besoins de financement dans l’écosystème.
Les intervenants
Un événement multi-acteurs
La Réunion de printemps a réuni des représentants d’États et de gouvernements, d’organisations internationales, de la société civile et du secteur privé, pour se consacrer à l’objectif commun – Nord-Sud – des « Transitions justes ».
Avec la participation de :
Mariana Campos
Directrice, Mexico Evalua
Modératrice
Hailemariam Dessalegn
Ancien premier ministre, République fédérale démocratique d'Éthiopie
Intervenant
Hicham El Habti
Président, Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P)
Intervenant
Nadia Fettah
Ministre de l'Économie et des Finances, Royaume du Maroc
Intervenante
José Ángel Gurría
Président, Forum de Paris sur la Paix ; Ancien Secrétaire Général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ; Ancien Ministre des Affaires Etrangères des États-Unis du Mexique
Intervenant
Mo Ibrahim
Fondateur et Président, Fondation Mo Ibrahim
Intervenant
Afshan Khan
Sous-secrétaire général et coordinateur du mouvement SUN (Scaling Up Nutrition), Nations unies
Intervenant
Pascal Lamy
Vice-Président, Forum de Paris sur la Paix ; Ancien Directeur Général, Organisation mondiale du commerce (OMC) ; Ancien Commissaire au Commerce, Union européenne
Intervenant
Bertrand Piccard
Explorateur, pilote, environnementaliste, fondateur de la Fondation Solar Impulse
Intervenant
Rémy Rioux
Directeur général, Agence Française de Développement (AFD)
Intervenant
Hayat Sindi
Ambassadrice de bonne volonté, Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO)
Intervenante
Najat Vallaud-Belkacem
Ancienne ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, France
Intervenante
La série de podcasts sur les transitions justes
Informations utiles
L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a accueilli la Réunion de printemps sur son campus ultramoderne de Benguérir au Maroc. L’UM6P est un établissement d’enseignement supérieur marocain engagé dans le développement économique et humain, qui place la recherche et la technologie à la pointe du développement africain.
Université Mohammed VI Polytechnique
Lot 660, Hay Moulay Rachid
Benguérir 43150
Maroc