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L'Observatoire international sur l'information et la démocratie

L’Observatoire international sur l’information et la démocratie : comment répondre au besoin d’une évaluation claire, pertinente et partagée de l’espace de l’information et de la communication

Avec le soutien du Forum de Paris sur la Paix, le Forum sur l’information et la démocratie a tenu une session au sujet de l’Observatoire international sur l’information et la démocratie, un mécanisme d’évaluation international annoncé pendant le premier Sommet pour l’information et la démocratie, en septembre 2021.

Dans ces propos introductifs, Christophe Deloire, président du Forum sur l’information et la démocratie, a expliqué que « pour endiguer la logique de destruction des démocraties, les décisions doivent être fondées sur des évaluations claires, pertinentes et partagées. Ce sera le rôle de l’Observatoire international de les fournir. Nous avons besoin d’un processus semblable à celui pour le réchauffement climatique, avec des sommets récurrents, l’équivalent du GIEC et des engagements des États. »

Pour définir les objectifs, la méthodologie et les ressources de l’Observatoire, le Forum a lancé un groupe de préfiguration, coprésidé par Angel Gurria, ancien secrétaire général de l’OCDE et Shoshana Zuboff, auteur de L’Âge du capitalisme de surveillance et professeur émérite à la Harvard Business School. La création de l’Observatoire est prévue pour 2022. Il conduira des évaluations périodiques des phénomènes observés dans l’espace informationnel, des causes afférentes et des risques qu’ils font peser sur la démocratie. Il publiera un rapport fondé sur une analyse de la recherche et des données existantes afin d’offrir une compréhension commune de l’espace numérique et d’éclairer la prise de décision publique.

« Nous sommes aujourd’hui confrontés à une tragédie des « non-communs » : les espaces d’information que les citoyens supposent être publics sont strictement régis par les intérêts commerciaux privés du capitalisme de surveillance et sa recherche du profit maximum, insiste Shoshana Zuboff. Nous avons besoin de législateurs prêts à s’engager dans le défi du siècle sur des questions fondamentales qui n’ont jamais été posées : Comment devons-nous structurer et gouverner les flux d’information, la connexion et les infrastructures de communication pour un siècle numérique démocratique ? »

Pour Angel Gurria, « l’Observatoire concerne la qualité de la démocratie. Il s’agit de s’assurer que les citoyens, la société dans son ensemble, sont vraiment libres de prendre leurs propres décisions, sur la base des meilleures informations, les plus objectives et les plus neutres. Il s’agit d’éviter les biais et les angles morts. Il s’agit de notre bien-être tel que défini par ce que nous voulons, plutôt que par une entreprise commerciale ayant ses propres intérêts ou un algorithme conçu pour profiter à quelques-uns plutôt qu’à la majorité. »

Soutien dès le début de l’initiative en 2018, Maria Ressa, lauréate du prix Nobel de la paix 2021, a reconnu la nécessité d’une évaluation internationale indépendante : « C’est ce que nous ferons avec l’Observatoire international sur l’information et la démocratie, tout comme en 2018, lorsque RSF a réuni un petit groupe pour commencer à parler des principes et des valeurs qu’Internet devrait avoir. »

À l’occasion du Forum de Paris sur la Paix, le Forum sur l’information et la démocratie a annoncé les premiers noms des membres du groupe de préfiguration qui ouvrira la voie à l’Observatoire international sur l’information et la démocratie. Sept personnalités, dont Maria Ressa, se joignent aux deux coprésidents de l’Observatoire pour définir les objectifs, la méthodologie et les ressources de l’Observatoire :

  • Virgilio Almeida, professeur émérite, Département des sciences informatiques, Université Fédérale de Minas Gerais
  • Jim Balsillie, fondateur, BlackBerry
  • Jean-Marie Guéhenno, diplomate, ancien secrétaire général adjoint de l’ONU
  • Elsa Pilichowski, directrice de la gouvernance publique, OCDE
  • Miguel Poiares Maduro, président, European Digital Media Observatory (EDMO)
  • Maria Ressa, directrice générale de Rappler et lauréate du prix Nobel de la paix 2021
  • Burhan Sönmez, président, PEN International

Jean-Yves Le Drian et Heiko Maas, respectivement ministre des Affaires étrangères de la France et de l’Allemagne, saluent la création de l’Observatoire. Ce dernier « se réjouit des progrès de l’Observatoire international sur l’information et la démocratie et de la poursuite de la coopération pour faire tourner le moteur de la démocratie. » Le ministre Le Drian a annoncé que la France est « très investie dans la mise en place de l’Observatoire international sur l’information et la démocratie, car nous en avons vraiment besoin. Nous avons besoin de comprendre l’espace dans lequel nous nous trouvons et les échecs mondiaux. » L’Observatoire est un moyen « de nous alerter sur les risques auxquels nous sommes confrontés dans l’espace de l’information et de la communication. Nous avons besoin de cet outil pour prendre de bonnes décisions, » a-t-il déclaré. Pour la vice-présidente de la Commission européenne Vera Jourova, « le Forum sur l’information et la démocratie et l’Observatoire nouvellement créé jouent un rôle clé. Nous devons développer une compréhension commune des enjeux. […] Je suis sûre que les travaux du nouvel Observatoire contribueront davantage à notre action. » Faisant référence à un rapport publié en 2020, Vera Jourova a également reconnu que « les recommandations du groupe de travail sur les infodémies du Forum sur l’information et la démocratie ont constitué une contribution importante à notre Plan d’action pour la démocratie européenne. »

L’Observatoire sera hébergé par le Forum sur l’information et la démocratie, organe de mise en œuvre du Partenariat international du même nom endossé par 44 États. Le rapport du groupe de préfiguration de l’Observatoire sera publié au premier semestre 2022.